Matériaux

Sur les manifestations qui bloquent le Honduras

Les raisons de la crise post-électorale

C’est finalement au Honduras que « 2017 n’aura pas lieu ». Le Honduras, dont on sait la triste réputation d’insécurité et de corruption, est en ce moment en pleine crise politique, suite à une fraude un peu trop grossière du président sortant Hernández (droite post-coup d’Etat) à l’élection présidentielle. La coalition Alianza et une large base de manifestants contestent le score de l’élection dans les rues.

Nous sommes allés prendre la température directement auprès de participants aux manifestations, qui se rangent parmi les anarchistes. Ils nous ont fait parvenir le texte et les documents suivants, qui expliquent avec clarté et concision les événements présents après un détour historique.

Dans le conflit actuel, deux fronts politiques s’opposent : le Parti national (droite conservatrice), et l’Alliance d’opposition contre la dictature (formée par le parti libéral LIBRE, PINU-SD, et le fondateur du Parti Anti-Corruption (PAC), Salvador Nasralla).

Principaux acteurs de la crise politique en 2017

Le coup d’Etat de 2009

Les deux fronts politiques sont en compétition pour le pouvoir depuis 2009 et le coup d’Etat qui a déposé le président Manuel Zelaya (parti libéral). Ce coup d’Etat  s’est produit en juin 2009 au moment où le président Zelaya a lancé une campagne pour une consultation populaire par laquelle il espérait rendre légale la réélection présidentielle, qui était alors interdite. Encore aujourd’hui, la légalité de cette procédure n’est pas très claire. A cela s’ajoute que le président Zelaya s’était rapproché du Venezuela chaviste durant son mandat pour intégrer le Honduras à l’Alliance bolivarienne (Fidel Castro (Cuba), Hugo Chávez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Cristina Fernández (Argentine) et Daniel Ortega (Nicaragua) et d’autres plus petits pays).

En ces années-là, le président actuel, Juan Orlando Hernández, était député du Congrès national pour le département de Lempira. Le coup d’Etat fut mis en oeuvre par les cadres dirigeants du Parti libéral (auquel appartenait Zelaya) et les leaders du Parti national (auquel appartient Hernàndez), précisément ceux qui constituaient les deux forces politiques historiques du pays, car la politique de Zelaya leur déplaisait.

Après une répression terrible, des milliers d’arrestations et plusieurs mort, le coup d’Etat fut consommé, et les troubles s’éteignirent. Cette même année 2009, en octobre, des élections présidentielles sont organisées (avec 55% d’abstention), et le présidentiable nationaliste Porfirio Lobo Sosa s’est proclamé vainqueur contre le libéral Elvin Santos (vice-président lors du mandat de Zelaya, il lui a maintenant tourné le dos).

Le mandat de Lobo Sosa fut un désastre total, le Honduras étant littéralement un territoire de narcotrafiquants pendant cette période. Le plus grand pillage de notre histoire a été commis avec le vol de 200 millions de dollars (destinés à l’achat de médicaments, de fournitures pour le système sanitaire et le paiement de pensions de vieillesse) à l’Institut hondurien de Sécurité sociale, et à d’autres institutions publiques, pour remplir les coffres du Parti national et de leurs amis, aujourd’hui au gouvernement1.

Alors que les conditions de vie se détériorent pour les Honduriens dans l’indifférence des politiciens traditionnels, Salvador Nasralla et d’autres membres de la société civile décident en 2012 de créer un nouveau parti politique, le PAC (Parti Anti-Corruption), en vue des élections de 2013. Salvador Nasralla, qui est aujourd’hui un des personnages principaux de la crise, est connu dans le pays pour être un présentateur de télévision à succès (sport, beauté, divertissement). Dans ses programmes, il émettait constamment des jugements et des critiques contre le gouvernement (peu importe le parti politique), ce qui fit son succès auprès de la population. Fait en sa faveur : il n’existe pas d’accusation pour actes de corruption.

Manuel Zelaya et Salvador Nasralla

Les élections de 2013

Avant 2013, jamais le Honduras n’avait connu d’élections présidentielles avec quatre forces politiques d’un poids important. Les quatre candidats principaux étaient :

  1. Juan Orlando Hernández (Partido Nacional)
  2. Mauricio Villeda (Partido Liberal)
  3. Xiomara Castro de Zelaya (LIBRE, épouse de Manuel Zelaya)
  4. Salvador Nasralla (Parti Anti-Corruption, PAC)

Finalement, l’affrontement a principalement opposé entre Hernández et Castro, et le premier l’a emporté avec une marge considérable, bien qu’il y eût, comme toujours, des soupçons et des dénonciations bien fondés de fraude.

Le PAC, institution fondée par Nasralla, lui fut arraché en 2016 par une des députées de son parti, Marlene Alvarenga, qui complotait avec le Parti national et le Tribunal suprême électoral (TSE, qui soutient le parti national) pour faire expulser Nasralla du PAC. Nasralla dénonça en cet acte une manœuvre du président Hernández pour l’écarter de l’arène politique. Objectif non atteint puisque Nasralla s’est allié avec Manuel Zelaya, après avoir perdu le contrôle du PAC.

Cette alliance entre un présentateur télé de centre-droit, Nasralla, et un politicien de centre-gauche, Manuel Zelaya, se fit autour d’un objectif commun : éjecter Juan Orlando Hernández du pouvoir. Hernández, pour pouvoir candidater à la réélection dans un pays où la réélection est prohibée -comme Manuel Zelaya en 2009 -, a violé le principe d’indépendance des trois pouvoirs. Il nomma lui-même les nouveaux magistrats de la Cour suprême de Justice, en soudoyant plusieurs députés à coup de millions de lempiras [monnaie hondurienne], pour que celle-ci déclare, en avril 2015, « inapplicable » l’article de la Constitution contenant l’interdiction de la réélection. A partir de là, les tensions s’aggravèrent à toute allure.

Les élections de 2017

Trois candidats principaux se sont présentés à la présidence (ainsi que six autres qui, mis ensemble, n’obtinrent pas 20 000 votes) :

  1. Salvador Nasralla (Alianza)
  2. Juan Orlando Hernández (Partido nacional)
  3. Luis Zelaya (Partido liberal) (aucun lien de parenté avec l’ancien chef de l’Etat)

L’Alliance (Alianza) contre la dictature est une alliance politique formée en janvier 2017 pour les élections. Elle rassemble la gauche et la droite modérée honduriennes : on y trouve des personnes de formation communiste, dont une grande partie ont étudié en Russie dans les années 1970 et 1980 ; des ex-libéraux (parti de droite) qui ont rejeté le coup d’Etat de 2009 et ont changé radicalement d’idéologie (parti LIBRE) ; des socio-démocrates (PINU-SD) qui sont plus tranquilles dans leurs actions et revendications ; des organisations d’ouvriers, de paysans, qui sont majoritairement de gauche ; beaucoup de syndicats, qui participent aux manifestations, des groupes d’entrepreneurs (par exemple Eduardo Facussé), le Collège médical du Honduras, les associations étudiantes, etc. En somme, le front qui se rebelle actuellement contre le gouvernement contient des communistes, des socialistes, des socio-démocrates, des anarchistes, et la droite modérée… C’est une coalition qui se forme tacitement pour le soulèvement du peuple, au-delà des idéologies particulières.

Des manifestants d’Alianza

Le processus pré-électoral a été marqué par la publicité massive émanant du parti au pouvoir. Des millions de lempiras furent gâchés en propagande et versements à des journalistes catalogués comme « influents », en rassemblements subventionnés pour aider les « sympathisants » du parti, et en programmes sociaux qui furent utilisés comme méthode de chantage pour obtenir des adeptes. Une image négative de l’Alianza fut diffusée dans les médias traditionnels, car elle n’avait l’appui que de peu d’entre eux (Une TV, Radio Globo et le journal El Libertador).

Les trois candidats ont déclaré qu’ils seraient vainqueurs. Les élections se sont déroulées le 26 novembre, et les résultats furent très surprenants. Le Tribunal suprême électoral (TSE), avant de publier la comptabilisation complète des votes, a d’abord publié une première estimation des résultats. A peine dix heures après la fermeture des centres de vote, ils ont diffusé un communiqué dans lequel ils déclaraient que Salvador Nasralla battait Juan Orlando Hernández de 5% au moment où 60% des votes avaient été examinés. Avec une plus petite quantité de votes examinés, en 2013, le magistrat président du TSE, David Matamoros Batson, avait déclaré comme une « tendance irréversible » la victoire de Juan Orlando Hernández.

A ce moment, aussi bien Hernández que Nasralla s’étaient autodéclarés vainqueurs de la compétition électorale.

Explosion de la rébellion 

Blocage d’une route par des manifestants

Après cette première diffusion de résultats, l’Alianza célébra ce que ses leaders considéraient comme une « tendance irréversible » : la victoire sur le Parti national. Le troisième candidat de la compétition, Luis Zelaya, félicita Nasralla pour son « triomphe », et le déclara « Président élu du Honduras ». Cependant, trois jours après, avec une lenteur incompréhensible et un processus très suspect2, Juan Orlando Hernández est remonté au-dessus de Nasralla avec 1% de votes en plus. Ce qui n’a pas manqué de déchaîner la furie des sympathisants de Nasralla et la dénonciation nationale et internationale d’une fraude électorale. C’est ce qui a provoqué la crise actuelle.

Ces dernières semaines, l’Alianza a convoqué ses sympathisants à des manifestations, qui se sont déroulées en paix au cours des premiers jours, avant de s’envenimer. L’intensité a grimpé de jour en jour jusqu’à générer une « grève nationale ». Dans tout le pays, des rues ont été prises ou fermées, et les péages que Hernández avait illégalement installé sur les routes ont été incendiés. Les bâtiments où opère le TSE sont pris d’assaut. Durant ces événements, le président Hernández est resté silencieux et a annulé ses apparitions publiques.

Incendie d’un centre commercial à Choloma

Ces derniers jours de conflit, des pillages de grandes et petites entreprises ont été commis (pas par des sympathisants de Nasralla), des cabines de péage ont été saccagées, des édifices publics ont pris feu. Des affrontements ont eu lieu entre militaires et sympathisants d’Alianza, ainsi qu’entre des délinquants et des sympathisants d’Alianza. Il faut signaler que les militants d’Alianza ont commencé à capturer ceux qui profitent des conflits pour voler les magasins, en arguant que puisqu’ils manifestent, cela les délégitime.

Les sympathisants d’Alianza ont décidé clairement de ne pas tolérer les pillages et les saccages, commis par des groupes incontrôlés qui sèment la confusion. Certains pillages touchent en effet des personnes avec de très petits commerces, ce qui est contraire à nos revendications [celles des anarchistes]. Pour autant, la diversité et l’ampleur des modes de protestation ont réussi à disséminer les forces politiques et militaires. Il faut noter que des incendies et des destructions ont aussi été perpétrés par des groupes politisés. Par exemple, les cabines de péage ont été détruites par le peuple au cours d’une action qui a été planifiée plusieurs jours auparavant ; c’était une action politique.

Nous participons bien sûr aux blocages de routes, aux manifestations et aux destructions politiques, par exemple celle du péage installé illégalement au nord du pays sur l’autoroute CA-5. Voici pourquoi : les travaux de l’autoroute CA-5 ont démarré sous le gouvernement de Manuel Zelaya, et terminé au début du mandat de Hernández, le tout grâce aux fonds du MCC3. Ces fonds sont octroyés par les Etats-Unis, mais ils doivent passer un test de validation. Les deux derniers gouvernements, tous deux nationalistes (Porfirio Lobo y Juan Orlando Hernández) ont raté le test pour corruption, et les prêts n’ont pas été renouvelés. Le gouvernement nationaliste a augmenté les impôts et pourtant, il a concessioné l’autoroute à une entreprise équatorienne appelée COVI, qui est une société anonyme, mais dont on sait la proximité avec certains députés. [Donc l’autoroute est payée deux fois par les utilisateurs, à la fois par les impôts (public) et le péage (privé)…].

Des rumeurs circulent selon lesquelles le gouvernement ou des membres du Parti national seraient à l’origine des pillages injustifiés, qu’ils aurait commandités en vue de justifier la déclaration de l’état d’urgence et reprendre le contrôle de la situation. Quoi qu’il en soit, c’est pour eux du pain béni car le 1er décembre, le gouvernement a pu décréter une suspension des garanties constitutionnelles et un couvre-feu (de 6h du soir à 6h du matin). La nuit d’avant, 2 morts avaient officiellement été décomptés, tués par les militaires et la police.

Des militaires tirent sur les manifestants

Bien sûr, les chiffres du gouvernement sous-estiment le nombre de morts et de blessés. Des vidéos ont circulé qui montrent les fusillades déclenchées par les forces armées. L’Alianza soutient qu’en ce moment, au moins 14 personnes sont mortes, y compris des mineurs qui participaient aux manifestations. La police et les forces armées tirent sur des personnes qui ne sont pas armées.

La nuit de la déclaration du couvre-feu, une action de protestation nommée « Cacerolazos » (gros coups de casseroles) s’est organisée avant l’interdiction de la circulation dans les rues, mais la répression a été massive.

Des militaires font irruption chez les habitants

Des militaires sont entrés dans les habitations de ceux qui participent à ces actions, ils les ont arrêtés et ils les ont emmenés on ne sait où. Pour autant, il y a aussi des policiers qui non seulement permettent aux gens de manifester dans la rue, mais qui vont jusqu’à participer à ces actions. La rumeur court que la Police nationale pourrait se soulever contre le gouvernement, car une partie de leur base n’apprécie guère l’ordre de réprimer le peuple. [Note : une autre explication à cette « rébellion » de la police contre l’état d’urgence pourrait aussi être une histoire de revendication salariale, selon d’autres sources]. En tout cas, à plusieurs endroits, on voit la police sympathiser avec les manifestants.

Des policiers soutiennent les manifestations

L’Alianza souhaite que le TSE fasse un recompte spécial des votes, vérifie de nombreux procès verbaux ainsi que les urnes où le taux de participation a été bizarrement élevé, afin d’éclairer les circonstances qui ont permis à Hernández de gagner les élections. Il est aussi question de rejouer l’élection. Le TSE n’a pas accepté la moitié de ces demandes, et a décidé d’opérer les vérifications, sans représentants de l’opposition.

Nos positions

A court terme, en tant qu’anarchistes, nous n’aspirons pas à la destruction de l’Etat, car cela serait très impopulaire dans la conjoncture présente. Nous souhaitons que la volonté du peuple soit respectée, et que les pratiques de corruption, traditionnelles dans le pays, prennent fin. Cette lutte est un passage important pour que le peuple explore de nouvelles formes de gestion dans le pays.

Que puis-je dire d’autre? Le gouvernement étatique a violé tous les droits humains, et il s’est employé à créer des lois pour protéger l’oligarchie économique et politique. Il y a des personnes qui sont maintenues en prison depuis des années dans l’attente d’un jugement, pendant que d’autres, les autorités dirigeantes, demeurent libres dans leurs maisons malgré leurs crimes pourtant connus de tous. L’économie capitaliste nous a bercé jusqu’à la somnolence, les gens se sont plus préoccupés de consommer que de vivre et penser, et c’est maintenant seulement que commence à vraiment s’éveiller la société.

Les grandes entreprises honduriennes sont folles, il y a eu des centaines de morts dans la région du bas-Aguán à cause du conflit de terres4 provoqué par l’entrepreneur Miguel Facussé (aujourd’hui mort). Dans le département d’Intibucá la dirigeante écologiste Berta Cáceres a été assassinée à cause de son opposition au projet de barrage hydroélectrique Agua Zarca5.

Nous considérons bien sûr que l’ennemi principal est l’Etat, dont le gouvernement est devenu une pomme de discorde entre des personnes avares et envieuses, donc nous exhortons nos amis à ne pas s’identifier avec les protagonistes de la crise et à ne pas promouvoir l’ascension au pouvoir d’une nouvelle figure politique.

Par contre, nous appelons à la lutte sans relâche pour la liberté, la justice sociale et le bien-être du peuple hondurien. Le vrai pouvoir du peuple ne réside pas dans la personne qu’elle élit, mais dans sa propre capacité à bloquer le système productif du pays. Les violations des droits humains, les indénombrables actes de corruption et les meurtres commandités par le gouvernement justifient la furie du peuple à son égard, avec les conséquences que cela pourrait avoir sur la vie politique ou l’intégrité personnelle de ce gouvernement.

Nous soutenons et participons aux manifestations de ceux qui n’ont pas les mêmes idéaux que nous, car notre lutte est avant tout contre le pouvoir, et surtout pas contre le peuple. Nous exercerons une pression constante sur les personnes qui arriveront finalement au gouvernement. Nous veillerons à ce que le pouvoir d’Etat soit utilisé pour le bien de la population.

Notes   [ + ]

1. Plus de détails dans cet article du Centre Tricontinental : « En janvier 2014, le directeur de l’Institut hondurien de sécurité sociale (IHSS) pendant le mandat de Porfirio Lobo, Mario Zelaya (aucun lien de parenté non plus avec l’ancien président) s’enfuit précipitamment. On vient de découvrir que 120 millions de dollars (qui deviendront bientôt 200 millions) destinés à l’achat de médicaments, de fournitures pour le système sanitaire et le paiement de pensions de vieillesse se sont « évaporés », ruinant l’Institut. Mais pas tout le monde, cela va de soi. Désormais en cavale, Zelaya revend en hâte pour 300 000 dollars la luxueuse résidence qu’il possède en Louisiane, près du lac Pontchartrain.

Arrêté neuf mois plus tard près de la frontière du Nicaragua, il doit affronter la justice. « Cette détention est une démonstration convaincante du fonctionnement diligent et effectif des institutions de sécurité et de défense de l’Etat », se félicite bruyamment le président Hernández. Il va devenir beaucoup moins prolixe lorsque, en mai 2015, la coordinatrice du Conseil national anticorruption (CNA), Gabriela Castellanos, amorce une série de révélations au long desquelles on découvrira que 136 000 dollars de ce butin volé à la population la plus nécessiteuse ont atterri, en chèques et en espèces, dans les caisses du Parti national pour financer… sa campagne électorale. »

2. L’article du Centre Tricontinental explique ce processus très suspect : « Pressé de questions sur les délais anormalement étirés du dépouillement, le président du TSE Matamoros informe que 30 % des actes électoraux (2 millions de bulletins de vote), essentiellement ruraux, n’ayant pu être transmis électroniquement du fait d’une « surcharge des serveurs », ils doivent être transportés physiquement à Tegucigalpa, la capitale, par l’armée. En conséquence, ajoute-t-il, on ne connaîtra l’issue définitive du scrutin que… le jeudi 30 novembre – quatre jours après la clôture des bureaux ! Le genre d’annonces qui, survenant au Venezuela, déclencherait une tourmente médiatique et un scandale international instantanés.

Le mercredi 29, le TSE communique au compte-gouttes de nouveaux chiffres tendant à démontrer que l’écart se resserre entre les deux candidats. Puis le système de transmission des résultats du TSE tombe en panne. Lorsque, cinq interminables heures plus tard, il se remet à fonctionner, « JOH » se retrouve miraculeusement en tête avec 42,2 % des suffrages contre 42,1 % à Nasralla (une différence de 3 000 voix). Ce dernier annonce que le pacte qu’il a signé en présence des observateurs de l’Organisation des Etats américains (OEA), et dans lequel il s’engageait à reconnaître le verdict de l’arbitre électoral, n’a plus aucune validité, car on lui a « tendu un piège ».

Depuis Washington, l’OEA critique vertement cette décision tout en réclamant que « dans le calme et l’impartialité, les votes soient comptés de façon transparente ». La tension monte dès lors dangereusement.Pour ceux qui l’ont vécue, la situation rappelle un fâcheux précédent : la honteuse présidentielle du 24 novembre 2013. »

3. Le MCC (Millennium Challenge Corporation) est un organisme gouvernemental créé en 2004 par l’administration Bush « avec comme objectif de contribuer à réduire la pauvreté de part le monde à travers la croissance économique durable. »
4. Miguel Facussé est un très riche businessman et propriétaire terrien du Honduras, en outre très impliqué dans le traffic de drogue, et ceci avec la bénédiction des Etats-Unis. Depuis les années 90, aidé des forces de police, il oblige très brutalement les paysans à vendre leurs terres dans la région d’Aguán.
5. Voir Le Monde diplomatique : « L’assassinat de Berta Cáceres le 3 mars 2016 au Honduras a suscité une vague d’indignation. Ce meurtre s’ajoute à celui de nombreux militants amérindiens et écologistes opposés aux barrages hydroélectriques qui prolifèrent en Amérique centrale. Sous prétexte d’accompagner la « transition énergétique », les bailleurs internationaux sont peu regardants sur la nature des projets et les intérêts en jeu ».

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