Contre Trump, l’espoir est dans les rues (affiche)
Nous traduisons cet article publié le 30 mai 2017 sur le site anarchiste américain CrimethInc., 5 mois après l’élection de Trump. Il s’agit de montrer un autre aspect de ce qui se passe aux US, notamment face à l’administration Trump. Des milliers d’Américains se mobilisent périodiquement et participent à un élan de résistance populaire dont on n’entend, évidemment, jamais parler.
Les prises de position dans cet article peuvent par ailleurs être un peu caricaturales et contestables, mais rappelons qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un appel à lutter. Les notes sont de Grozeille.
Affiche : l’espoir est dans les rues
Pourquoi la résistance populaire est notre seul espoir
Alors que le gouvernement Trump est de plus en plus submergé par les problèmes, nombreux sont ceux qui attendent que les média officiels, le FBI, le système judiciaire ou une autre autorité reconnue prennent en main la situation. Pourtant toutes les mesures effectives prises1 contre Trump et ses copains ont commencé avec une mobilisation populaire. Même s’il était destitué par d’autres instances à l’intérieur de l’Etat, cela ne ferait que légitimer les structures à travers lesquelles des politiciens comme lui peuvent faire tant de mal. Ce qui laisserait la voie ouverte à d’autres politiciens qui pourraient continuer à faire la même chose. Notre liberté et notre sécurité ne seront assurées que quand nous pourrons les défendre nous-mêmes, par l’action directe, sans avoir besoin de leaders ou de représentants. Pour faire passer le message, on a préparé une affiche, que nous vous encourageons à imprimer, en masse, et à accrocher dans les rues où vous vivez.
Version couleur.
Version noir et blanc.
La révolte comme avant-garde de l’espérance
Lorsque Donald Trump a été élu président des Etats-Unis, des anarchistes et d’autres opposants à l’Etat sont entrés en action. Alors que les libéraux et la gauchistes encartés dans des partis étaient toujours sous le choc, les anarchistes ont immédiatement appelé à des manifestations combatives dès le début du régime de Trump. Ils sont descendus dans la rue aux côtés d’autres gens en colère, pour montrer que le business as usual serait impossible sous Trump.
Dans les premiers jours du gouvernement Trump, un grand nombre de gens ont mené ensemble des actes courageux de résistance, en se confrontant aux autorités et en bloquant des aéroports ou d’autres infrastructures. Ces actions ont réussi à briser le consensus de classe dominant autour de Trump. Le gouvernement a été déstabilisé, et ses efforts pour faire basculer la politique des US d’une stratégie néolibérale de gestion du capitalisme à une stratégie ouvertement nationaliste ont été discrédités. Si la résistance avait continué avec cette intensité, le néolibéralisme, lui aussi, aurait pu être en danger.
Malheureusement, cet élan a été victime de son propre succès. A partir du moment où quelques victoires ont été obtenues, les gentils libéraux ont commencé à rester chez eux, à regarder les informations et à « liker » des trucs sur Facebook au lieu d’aller physiquement au front. Pendant ce temps-là, réalisant que sa stratégie initiale avait échoué, Trump a renvoyé son conseiller nationaliste Steve Bannon, il a ordonné une frappe aérienne en Syrie et a essayé de se mettre dans les petits papiers des technocrates néo-libéraux de l’administration américaine. S’il réussit cette manoeuvre, il aura les mains libres pour mener à bien son agenda raciste, nationaliste, sous couvert de mener une politique ordinaire, tout comme Obama l’a fait.
Il est naïf d’espérer que CNN, le FBI, ou le parti démocrate feront obstacle aux ambitions autoritaires de Trump. Ils sont tout autant des produits de la structure de pouvoir que l’est Trump lui-même. Tout aussi complice de son fonctionnement. La résistance populaire a été la seule chose capable de freiner l’avancée de Trump. Chaque victoire contre lui a commencé avec des gens prenant l’initiative d’agir par eux-mêmes. Si nous n’avions pas fait le blocus des aéroports, quel juge aurait eu le cran de bloquer le Muslim ban2 ? Si nous n’avions pas envahi les rues, les employés de la Maison Blanche auraient-ils pris le risque de faire fuiter des informations? 3
A l’avenir, nous devrons garder en tête les leçons du début de l’ère Trump : à savoir que même face au plus puissant empire de l’histoire du monde, nous avons un immense pouvoir, pour autant que nous n’attendons pas des autres qu’ils agissent à notre place. Ensemble, nous pouvons reprendre nos vies en main et mettre hors d’usage les institutions à travers lesquelles nos dirigeants cherchent à nous dominer. Aucun parti, aucun politicien, aucune organisation ne peut le faire pour nous. Devenons ingouvernables et libres.
Ce texte a été envoyé aux calendriers Certain Days 2018 pour la libération des prisonniers politiques, en reconnaissance de leur important travail pour soutenir les prisonniers politiques en Amérique-Nord depuis deux décennies.
Notes
1. | ↑ | Le lecteur pourra en trouver quelques unes ici : opposition à la fermeture des frontières aux réfugiés et voyageurs des pays musulmans, à l’abrogation tant promise de l’«Obamacare» ; malheureusement l’information précise est souvent en Anglais. Si la langue ne gêne pas, on peut se faire une idée générale en allant chercher sur le NYtimes, ici par exemple. |
2. | ↑ | Voir par exemple sur Libération : « La Cour suprême des Etats-Unis a remis partiellement en vigueur le «muslim ban» de Donald Trump ce lundi, en attendant de l’examiner en audience à l’automne. Le décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis aux habitants de six pays majoritairement musulmans s’applique désormais vis-à-vis de quiconque «n’ayant pas établi de relation de bonne foi avec une personne ou une entité aux Etats-Unis». » |
3. | ↑ | Depuis que Trump s’est installé à la Maison Blanche, les fuites de la part d’employés se multiplient. On a ainsi pu apprendre, entre autres, que les assistants de Trump échangeaient parfois dans le noir parce qu’ils ne savaient pas allumer la lumière, ou encore, plus important, que l’équipe du Président avait des contacts avec le gouvernement russe. Sans oublier des révélations qui ont amené la démission de Michael Flynn, conseiller de Trump sur la sécurité |