Situation

Où va l’écologie ? Vers des temps difficiles et magnifiques

Nous publions ce joli petit texte sur l’avenir du mouvement écologique, qui nous a été envoyé par des jeunes participant aux grèves et aux marches pour le climat. On nous signale qu’il va de pair avec un autre texte publié quelques jours avant : « Et qu’est-ce qu’on attend pour… ».

Nous allons vers des temps magnifiques car c’est un ensemble de mondes possibles qui s’ouvrent à nous. Un mouvement écologiste a bien commencé en France, avec la démission de Nicolas Hulot il y a tout juste un an, en août 2018. Et si à la 7ème ou 8ème marche, à la 100ème action de désobéissance, nous sentons bien que nous avons atteint certaines limites, que rien n’a changé dans la tête des « gouvernants » et des « décideurs », nous sentons bien que quelque chose a changé pour nous, pour notre génération.

Nous sentons qu’il n’y a plus grand chose à attendre des « gouvernants » et des « décideurs » qui ne chercheront dans la catastrophe que les moyens d’en tirer profit. Nous sentons que les solutions, s’il doit y en avoir, viendront d’en bas, partiront des jeunes révoltés par la situation, des groupes d’ami.e.s et des réseaux d’entraide, de tous les lieux habités et défendus, des collectifs qui bataillent ici et là, de tous ceux et celles qui trouvent insupportable la situation présente en France et de par le monde

Un mouvement autonome, révolté et écologiquement conscient, est déjà en train de naître. Les initiatives écologiques fourmillent sur tout le territoire : jardins potager, achat de terres en commun, amap, squats ruraux et urbains, recycleries, zads, etc. La volonté d’agir contre le désastre s’exprime de plus en plus fortement dans la jeunesse : nous voulons produire d’autres mondes, et mettre fin au « vieux monde » qui nous en empêche.

Aujourd’hui, rien ne doit paraître moins opposé qu’un potager autogéré et une émeute de gilets jaunes. Faire de l’écologie suppose à la fois de cultiver notre autonomie, et de détruire les bases du capitalisme. A tous ceux et celles qui maintiennent l’étanchéité entre lutte offensive et projets « constructifs », nous demandons : peut-on construire l’autonomie hors des champs de lutte, et peut-on lutter sans chercher l’autonomie ?

Les gilets jaunes participent aussi à ce double processus, avec une force inégalée jusqu’à aujourd’hui. En se soulevant contre une fausse mesure écologique, ils ont fait trembler le gouvernement comme jamais depuis mai 68. Les ronds-points et les péages ont été arrachés au règne de l’économie, alors qu’ils lui sont intimement nécessaires, car ils distribuent les flux de biens et de personnes. En ralentissant ces flux, en les bloquant, des gens autrefois séparés s’y sont rencontrés et ont appris à recréer des rapports de camaraderie et de voisinage.

Les gilets jaunes se sont mis à produire des relations entre eux et avec le territoire, des relations qui les ont sorti du rythme du capitalisme et de la solitude. Dès lors qu’ils ont été ensemble, ils n’étaient plus seuls à souffrir. Pendant 9 mois, l’État a vacillé face à un mouvement porteur d’un autre monde plus solidaire. Un monde nouveau a émergé avec ses imaginaires, ses amitiés intenses et son étrange beauté. On ne peut s’y tromper quand les Gilets Jaunes chantent « nous sommes là pour un monde meilleur ».

Nous le savons, les puissances capitalistes se maintiendront par la force de la conviction ou par la conviction de la force. Les communautés vivantes qu’on présente comme des « périphéries » négligeables résistent seules à ce monde brutal depuis trop longtemps.

Nous avons beaucoup à apprendre de ces communautés dont les mondes se sont déjà effondrés, et qui ont toujours considéré le capitalisme comme un monde parmi d’autres, qui peut lui aussi disparaître. Alors nous sommes voués ici comme ailleurs à produire ces mondes magnifiques, pour soustraire l’ensemble de ce qui vit sur Terre à la mort que nous promet le capitalisme.

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